Les Soldats du 18e siècle

Les Soldats du 18e siècle

Munitions et balles de fusil

 

La balle de fusil, la "reine des champs de bataille" !

Ce qui aujourd'hui n'est plus qu'une simple sphère de plomb bien inoffensive à nos yeux était à l'époque un projectile terribement meurtier !

 

Ainsi de citer le Dr Eugène Doyen (1859-1916) qui écrivait dans une publication sur la balistique : "les plaies par [ces] projectiles étaient extrêmement graves. Les plaies pénétrantes du crâne, du thorax et de l'abdomen étaient suivies presque sans exception de mort immédiate. Les plaies des membres présentaient elles-mêmes des caractères de malignité exceptionnelle en raison du gros diamètre et de la faible vitesse du projectile qui demeurait dans les tissus, avec les parcelles de vêtements qu'il entrainait avec lui. La plaie se trouvait infectée d'emblée par la présence de ces corps étrangers et l'amputation était à peu prés la seule ressource quand le projectile avait brisé un des gros os du membre."

 

En fait un homme touché s'il n'était pas tué sur le coup subissait un effet de commotion foudroyante qui le mettait immédiatement hors de combat ! En effet le projectile restant dans le corps en ne se déformant quasiment pas, l'homme touché absorbait la totalité de l'énergie cinétique de la balle au moment de l'impact : en moyenne prés de 240 kg !

 

Il est inutile d'ajouter  qu'en raison de la précarité des soins et l'absence d'hygiène dans laquelle ils étaient prodigués, seuls les blessés dotés d'une santé de fer et d'une bonne dose de chance pouvaient espérer survivre !

 

 

Les photos qui suivent montrent un ensemble non exhaustif de quelques balles de fusil, soit qu'elles présentent certaines particularités (impact, "débourrage", coulée de moulage, etc...), soit qu'elles ont été tirées par les différents belligérants...

 

Ainsi concernant les troupes françaises, l'infanterie utilisait majoritairement le fusil mod. 1777, d'un calibre de 17,5 mm.

Les Piémontais quant à eux étaient dotés principalement du mousquet mod. 1782 d'un calibre de 17,3 mm.

Enfin l'infanterie autrichienne utilisait le fusil mod. 1784 d'un calibre de 18,4 mm...

 

Les balles quant à elles étaient obligatoirement d'un diamètre inférieur au calibre de l'arme si l'on tient compte de l'épaisseur du papier de la cartouche. Ce papier appelé "calepin", sert à assurer l'étanchéité aux gaz de combustion et ainsi garantir une poussée optimale du projectile...

 

Ainsi déterminer l'origine d'une balle à partir de son diamètre ou de son poids n'est pas chose aisée lorsque l'on tient compte de cette "loi du calepin" et que l'on prend également en compte la multiplication des différentes armes où les anciens modèles de fusils cotoyaient les nouveaux et où les pistolets des officiers pouvaient trés bien correspondre à des achats civils... Le tout sans oublier les carabines ou les mousquetons !!

 

 

 


Balles (série n°1)
Balles (série n°1) :

 

Les 3 balles de mousquet...

Le poids et le diamètre donnés pour chacune correspondent à une moyenne... En effet il faut tenir compte de la "loi du calepin" et tenir compte de la légère perte de matière due à l'altération du temps...

 

Balle n°1 : Balle Autrichienne 

 

Diamètre moyen de 17 mm (moyenne comprise entre 16 et 17,5 mm)

Poids moyen de 26 grammes (moyenne comprise entre 25 et 27 grammes)

 

Balle principalement utilisée pour le mousquet d'infanterie mod. 1784, calibre 18,4 mm

 

Balle n°2 : Balle Française

 

Diamètre moyen de 16 mm (moyenne comprise entre 15,5 et 16,5 mm)

Poids moyen de 24 grammes (moyenne comprise entre 23 et 25 grammes)

 

Balle principalement utilisée pour le mousquet d'infanterie mod. 1777, calibre 17,5 mm

 

Balle n°3 : Balle Piémontaise

 

Diamètre moyen de 15,5 mm (moyenne comprise entre 15 et 16 mm)

Poids moyen de 22 grammes (moyenne comprise entre 21 et 23 grammes)

 

Balle principalement utilisée pour le mousquet d'infanterie mod. 1782, calibre 17,3 mm.

Le calibre de ce fusil étant trés proche du fusil français mod. 1777 il est trés difficile de distinguer la balle piémontaise de celle française...

 

Si vous possédez d'autres informations n'hésitez pas à me contacter !

 


Balles (série n°2)
Balles (série n°2) :

 

Il arrive trés souvent de trouver ces petites balles en plomb sans pour autant arriver à les rattacher avec certitude à une arme...

 

Certaines peuvent correspondre aux sous-munitions autrichiennes : http://wattignies1793.blog4ever.com/blog/photos-cat-80745-1948324168-les_sous_munitions_autrichiennes_.html

 

Pour les plus grosses et notamment celles de 20 grammes, on peut penser qu'il s'agit plus de balles de pistolets...

Ainsi les pistolets piémontais utilisaient presque tous un calibre de 16 mm qui pourrait tout à fait correspondre pour un projectile de 15 mm de diamètre...

 

A noter également que nombre de pistolets français avaient un calibre de 17,1 mm ainsi que les mousquetons de cavalerie...

La carabine d'infanterie française mod. 1793 quant à elle était d'un calibre de 13,5 mm...

 

Pour finir il n'est pas exclu de penser que certaines de ces balles correspondent simplement à des plombs de chasse beaucoup plus modernes, type chevrotine !

 


 

Voici trois projectiles présentant tous des marques caractéristiques d'un passage dans un canon rayé

Poids : 14,5 grammes ; diamètre : 14 mm

Ils ont trés probablement été tirés par le mousquet de chasseur autrichien mod. 1769 (jägerstutzen mod. 1769) dont le calibre est de 14,8 mm. Le jägerstutzen mod. 1769 possèdant un canon rayé est l'arme autrichienne type des chasseurs...

 

Pour l'époque les fusils à canon rayé étaient des armes révolutionnaires permettant une précision et une portée de tir supérieures aux armes françaises, piémontaises ou anglaises qui elles possédaient un canon lisse.

 


 

Les troupes autrichiennes ou croates utilisaient la cartouche Wiener Löth 5/4 (environ 17mm) avec balle à "queue".

 

La gorge formée entre la balle et la "queue" servait à maintenir à l'aide d'une fine ficelle le papier contenant la poudre. 

 

 

 


 

voilà une belle série de balles de fusil de calibres différents toutes plus ou moins impactées...

Certaines sont complètement aplaties ! 

 


 

série de balles de fusil "débourrées"...

Autrement dit ces balles ont été chargées dans le canon de l'arme sans avoir été tirées la première fois, le soldat a déchargé son arme en otant sa balle à l'aide d'un tire-bourre (sorte de tire bouchon)...

Quelques balles présentent ainsi jusqu'à 3 trous, preuve qu'elles ont été chargées plusieurs fois ! 

 


 

voici une balle de fusil non ébavurée c'est à dire avec son canal de coulé (résidu de la fonderie) encore présent