Les Soldats du 18e siècle

Les Soldats du 18e siècle

Projectiles d'artillerie : la cartouche à balles ou biscaïens

 

La cartouche à balles est un cylindre creux du calibre de la pièce à tirer, contenant des balles en fer battu et qu’on fixe à un sabot.

 

Le cylindre est en fer-blanc ordinaire, flexible, dont le diamètre extérieur est égal à celui du boulet. Ils sont fermés par le bas par un culot en fer un peu plus épais sur lequel sont rangées les balles. Pour les cartouches dites de grand calibre, celles-ci sont rangées en cinq couches de sept balles et une de six balles, ce qui donne un total de 41 balles. Les cartouches de petit calibre contiennent 112 balles en 12 couches. Ces petites balles portent aussi le nom de « biscaïen ».

 

Cette munition fonctionnait à la façon des cartouches de chasse, s’ouvrant en gerbe à la sortie du canon. Elle était extrêmement meurtrière à une distance d’environ 200 mètres mais pouvait porter jusqu’à plus de 400 mètres.

 

 

Concernant les biscaïens français du système Gribeauval voilà ce que l'on peut lire dans le "Manuel de l'artilleur" de Théodore DURTUBIE

 

L'obusier de 6 pouces pouvait recevoir une cartouche de 61 grosses balles de 17 lignes

soit 3,84 cm de diamètre 

 

Le canon de 12 livres pouvait recevoir soit :

- une cartouche de 41 grosses balles de 1 pouce 5 lignes soit 3,84 cm de diamètre

- une cartouche de 112 petites balles de 1 pouce soit 2,707 cm de diamètre

- des balles d'arrière petit calibre de 11 lignes 6 points soit 2,59 cm de diamètre 

 

Le canon de 8 livres pouvait recevoir soit :

- une cartouche de 41 grosses balles de 1 pouce 2 lignes soit 3,16 cm de diamètre

- une cartouche de 112 petites balles de 10 lignes 6 points soit 2,37 cm de diamètre

- des balles d'arrière petit calibre de 10 lignes 2 points soit 2,30 cm de diamètre  

 

Le canon de 4 livres pouvait recevoir soit :

- une cartouche de 41 grosses balles de 11 lignes 10 points soit 2,67 cm de diamètre

- une cartouche de 63 petites balles de 10 lignes 6 points soit 2,37 cm de diamètre

 

Soit pour récapituler 7 calibres différents de biscaïens et ce ne concernant que l'artillerie française !

C'est dire la difficulté pour identifier avec certitude la nationalité de ces balles...

 



PHOTO DE FAMILLE
PHOTO DE FAMILLE :

 

Voici une photo de famille présentant différents calibres de biscaïens...

 


Biscaïens
Biscaïens :

 

Ensemble de biscaïens de différentes tailles... Il sont de nationalités française, autrichienne ou piémontaise...

 


 

Voici 3 petits projectiles en plomb de 20 mm de diamètre pour 44 g.

 

Il s'agit probablement de biscaïens mais sans certitude... 

 

En fait il faut écarter l'idée qu'il puisse s'agir de "balles" de shrapnel (contenues dans les boulets explosifs) car d'aprés les recherches effectuées il semble acquis que, bien qu'inventé par les Anglais dés 1784, ce procédé n'a pas été utilisé avant 1803...

 

En effet, voici ce qu'écrit Michel DAMIENS dans "L'Artillerie française à Waterloo : histoire, technique et ordre de bataille" au sujet des shrapnels :

 

"Le Dictionnaire de l’Artillerie du colonel Cotty ignore superbement le mot « schrapnel ». Il parle d’ « obus à la spartelle ». Il est vrai que cette munition n’existait pas en France. Mais l'on a souvent confondu cette dernière avec le « spherical case shot » des Anglais.

 

Il s’agit de l’invention du lieutenant Henry Shrapnel qui, en 1784, frappé par l’efficacité de la boîte à balles mais aussi par sa faible portée, entreprit des recherches afin d’en allonger l’efficacité. Jusque-là, outre la boîte à balle, les artilleurs n’utilisaient que le boulet plein et l’obus. Shrapnel se demanda s’il n’était pas possible de combiner les deux. Il ne s’agirait donc que de produire des boulets creux, de les remplir de poudre et d’y adapter une fusée que l’on règlerait de manière à ce que le projectile explose en l’air, fragmentant l’enveloppe et faisant de chacun des éclats ainsi produits un projectile dangereux. Ce n’étaient donc rien d’autre que des obus de petits calibres. Les essais démontrèrent rapidement que ce n’était pas possible : si l’enveloppe était assez épaisse pour résister au choc produit au départ du coup, elle l’était trop pour se fragmenter en vol. Si, au contraire, elle ne l’était pas assez, la charge d’explosif risquait de prendre feu lors du départ du coup et risquait de faire sauter la pièce… Il fallait donc que la charge de poudre « embarquée » soit suffisamment réduite pour ne pas exploser dans le canon. Mais alors, elle n’était plus suffisante pour faire éclater l’enveloppe en vol.

 

Shrapnel eut donc l’idée de remplir son boulet creux d’un mélange de poudre et de balles de fusil.

La fusée mettant le feu à la charge de poudre, l’enveloppe éclaterait, libérant les balles qui produiraient leur effet meurtrier. Mais attention, il ne s’agissait que de déchirer l’enveloppe en vol, les balles continuant leur trajectoire suivant la force acquise lors du tir. La charge de poudre n’avait donc aucun effet propulsif. 

 

Il fallut attendre 1803 avant que l’invention du lieutenant Shrapnel – entre-temps pourvu d’un brevet de major – soit assez au point pour être adoptée par l’artillerie britannique. Et elle fut dans l’enthousiasme… Le premier emploi connu de la nouvelle munition date de 1804 lorsque les Britanniques assiégèrent Fort Amsterdam au Surinam. Le futur duc de Wellington l’utilisa dans la Péninsule ibérique dès 1808 et ne tarit pas d’éloge sur cette nouveauté. 

 

Le shrapnel est donc une sphère métallique creuse contenant une charge explosive et un certain nombre de balles de fusils (de 27 à 85 pour le canon de 6 livres, de 41 à 127 pour le "9-Pounder", et 153 pour l'obusier de 8 pouces et demi). Une fusée détermine le moment de l’explosion qui survient lorsque le projectile est en l’air.

 

Bien utilisé – le réglage de la fusée est une opération délicate – le shrapnel disperse ses projectiles sur une bande de terrain de 90 mètres de profondeur lorsqu’on le tire de 900 mètres.

L’effet en est terrifiant. Non seulement, chacune des balles porte, mais encore, psychologiquement, la « victime » d’un tel tir ne se sent nulle part à l’abri de cette munition dont on ne sait pas d’où elle vient."

 


 

Voici un biscaïen complètement écrasé...

Qu'a t-il percuté pour que le métal ainsi chauffé au rouge par l'impact, s'applatisse au lieu de se briser ? Impossible à savoir ! Il est néanmoins clair qu'il s'agit bien d'un projectile et non d'un vulgaire morceau de métal... L'écrasement est le même que l'on retrouve souvent sur des balles de mousquet...

 

Poids = 280 g

diamètre de la partie non écrasée = ~ 40 mm

 

N'hésitez pas à laisser vos commentaires sur cette pièce

 


 

 Biscaïen brisé en deux ! Il a probablement percuté quelque chose et s'est cassé net sous l'impact ! 

 


 

Biscaïen non ébavuré et possèdant encore son canal de coulé...

Il pèse 100 g pour 30 mm

 


 

Petit biscaïen en plomb de 25 mm de diamètre pour un poids de 85 grammes...

 


 

2 petits biscaïens de 20 g pour un diamètre de 18 mm